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Macarons
Pourquoi péter des vitres?
Titre original: Why Break Windows?
Écrit par CrimthInc. en décembre 2014
On peut entre autre trouver le texte original ici:
http://theanarchistlibrary.org/library/crimethinc-anonymous-why-break-windows
Lien vers un pdf pour faciliter la diffusion:Pourquoi péter des vitres (texte continu)
De la révolte à Ferguson en août dernier aux manifestations à Oakland et Berkeley la semaine dernière, la destruction de la propriété a été au centre d’une nouvelle vague de lutte contre la violence policière. Mais en quoi le vandalisme est-il lié à la lutte contre la brutalité policière? Pourquoi péter des vitres?
Principalement, comme tant d’autres l’ont démontré, parce que la destruction de la propriété est une tactique efficace. Du Boston Tea Party aux black blocs durant les manifestations contre l’Organisation Mondiale du Commerce à Seattle en 1999, la destruction de la propriété privée occupe une place essentielle dans de nombreuses luttes. Elle peut mettre de la pression sur nos ennemis ou les punir en leur faisant perdre de l’argent. Elle peut mobiliser des camarades potentiel-le-s en montrant que la police et ceulles qu’illes protègent ne sont pas invincibles. Elle peut déclencher une réflexion collective sur des enjeux trop souvent occultés – nous n’aurions certainement pas de débats et conversations à l’échelle nationale, voire même internationale, sur la race, les classes et le maintien de l’ordre si ce n’était des actions de quelques vandales à Ferguson. Finalement, elle transmet un rejet absolu de l’ordre dominant et ouvre des espaces à l’intérieur desquels on peut commencer à imaginer autre chose.
Des charges de destruction de propriété publique ou privée, ne paraissent pas bien sur un CV ou dans une campagne électorale. Or, c’est peut-être une bonne chose. Cela signifie que les vandales ne sont pas motivé-e-s par des objectifs carriéristes. Illes n’ont que faire de ce que penseront d’eulles les puissant-e-s ou l’opinion publique. Illes s’attaquent à ce qui les opprime, tout simplement. De leur côté, les agissements des activistes professionnel-le-s et des aspirant-e-s politicien-ne-s sont plus souvent qu’autrement motivés par des arrière-pensées. C’est à se demander qu’est-ce qui les motive à calomnier autant les vandales.
Les vitres de commerces représentent la ségrégation. Elles sont des barrières invisibles. Comme tant d’autres choses dans cette société, elles offrent simultanément une vision de ce qu’est «la bonne vie» et en bloquent l’accès. Dans une économie polarisante, les vitrines narguent les pauvres avec les biens qu’illes ne peuvent se permettre, le statut et la sécurité sociale qu’illes n’atteindront jamais. Pour des millions de personnes, la nourriture santé, les médicaments et d’autres biens dont illes ont besoin sont le propre d’une seule classe sociale inatteignable. Le gouffre entre cette classe et la nôtre ne pourra être traversé même après une vie de dur labeur, un fossé qui est représenté par un demi-pouce de verre.
Péter une vitre, c’est contester toutes les frontières qui stratifient cette société: blanc-he-s et noir-e-s, riches et pauvres, inclu-e-s et marginaux-les. La plupart d’entre nous sommes désormais habitué-e-s à toutes ces ségrégations, en prenant pour acquis que toutes ces inégalités sont normales à la vie. Briser des vitrines est une façon de briser ce silence, de défier la notion absurde que ce construit social de droits de propriété est plus important que les besoins des personnes qui nous entourent.
Un argument amené par les réactionnaires, c’est que les vandales détruisent «leurs propres quartiers», or c’est une façon très malhonnête de parler de ceulles dont les noms n’apparaissent sur aucun acte de propriété. En effet, lorsque les entrepreneur-euse-s parlent de «revitaliser» ces quartiers, illes veulent en fait parler de l’expulsion de facto de leurs populations actuelles. Le problème à Ferguson et partout ailleurs n’est pas l’arrêt ou le ralentissement de l’économie; le problème, c’est le fonctionnement même de l’économie. Dans une société motivée par le profit, plus les pauvres travaillent et paient leurs loyers, plus illes seront pauvres face à ceulles qui profitent de leur travail – c’est en fait de là que vient le profit. Ille est malhonnête de blâmer la victime ici, comme si plus de soumission pourrait produire un résultat différent. Dans un schéma pyramidal, un groupe doit former la partie inférieure, et depuis la colonisation de ce qu’on appelle les amériques, il a toujours été composé de personnes de couleur.
Comme d’autres l’ont montré, la colonisation, la gentrification, l’incarcération de masse et les assassinats policiers sont toutes des formes de déplacement et d’effacement Nous nous sommes habitué-e-s aux perpétuelles perturbations des environnements dans lesquels nous vivons. Or, même si ce sont les pauvres qui doivent en porter l’odieux et vider leurs portefeuilles pour être écoresponsables, ces perturbations et les profits qui en découlent sont la prérogative des capitalistes et de la police. Cela normalise notre relation aliénée avec le paysage urbain. Ainsi des quartiers entiers peuvent être nivelés et remplacés sans que personne ne s’en fasse avec cela. Cela normalise un système social qui a été imposé sur Terre par les métropoles coloniales au cours des derniers siècles, faisant du mode de vie le plus insoutenable de l’histoire apparaître comme intemporel et éternel. Le vandalisme montre que l’organisation actuelle de l’espace urbain et le système social qui la détermine sont conditionnés et temporaires – et qu’il est possible, même avec des ressources limitées, de transformer l’espace dans une toute autre logique. La gentrification et le vandalisme sont deux formes d’intervention dans le paysage urbain délibérément organisées par un groupe social luttant contre un autre. La différence étant que la gentrification se fait du haut vers le bas du schéma pyramidal alors que le vandalisme va du bas vers le haut.
Ce n’est pas une coïncidence de voir que les vitrines de commerces soient ciblées dans les manifestations contre la violence policière. Les entreprises, qu’elles soient locales ou multinationales, paient les taxes qui financent la police. Et sans police, elles ne pourraient pas accumuler autant de richesse au dépend des autres. Dans ce contexte, diriger les manifestations directement contre la police est indirect, car la police répond des intérêts du patronat et des politicien-ne-s. Ille est beaucoup plus direct de cibler les patron-ne-s et les capitalistes, car les coûts des remplacement incessants de vitres brisées leur ferait peut-être y penser deux fois avant de décider du type de maintien de l’ordre qu’illes souhaitent avoir.
«Mais ille y aura un-e pauvre employé-e qui va devoir ramasser tout ça» nous dira le-la gauchiste moralisateur-trice dès qu’il ou elle verra un-e manifestant-e péter des vitres. Or, quiconque a déjà eu une job de col bleu sait très bien que c’est n’importe quoi. Remplacer des vitres ou nettoyer des graffitis est aussi pire que n’importe quelle autre tâche – ce n’est pas comme si les travailleurs-euses faisaient quelque chose de plaisant et d’enrichissant le reste du temps. En fait, le vandalisme crée des emplois, en offrant plus d’opportunités de travail pour les employé-e-s de certaines industries et de la construction pour lesquel-le-s ille n’y aurait peut-être pas assez de demande pour leur travail sans ce vandalisme. Ainsi, si on ne peut effectivement pas détruire le capitalisme une devanture de commerce à la fois, essayer nous aidera à redistribuer un minimum de richesse vers le bas de la pyramide. C’est une critique typiquement gauchiste de montrer les pauvres comme les victimes des tactiques confrontationnelles, alors que c’est pour leurs propres statuts de progressistes privilégié-e-s qu’illes ont peur.
Dans la version la plus paranoïaque de cette vision des choses, des gauchistes assument que toustes devraient être aussi satisfait-e-s qu’illes le sont de l’ordre actuel des choses en déclarant que seule la police, déguisée en plus, aurait pu péter les vitres qu’on leur demande de protéger. Comme d’autres théories conspirationnistes on cache toutes les possibilités en les réduisant à un seul pouvoir infâme, niant par le fait même l’existence et la pensée stratégique de ceulles qui agissent contre le pouvoir de cette façon.
Péter des vitres n’est pas en soi suffisant pour changer le monde. Le sabotage et les incendies sont généralement la stratégie d’une armée qui bat en retraite – de ceulles qui savent qu’illes ne pourront plus tenir le terrain pour longtemps. Un mouvement assez fort pour tenir le territoire qu’il aurait saisi à la police n’aurait pas besoin de brûler ou casser quoi que ce soit, mais seulement de le transformer. D’un autre côté, tant que de telles inégalités persisteront, ille y aura des gens-e-s qui se verront forcé-e-s de se déchaîner contre celles-ci, à travers la destruction de la propriété et d’autres tactiques. Quiconque désire véritablement voir la fin de la destruction de la propriété devrait se dépêcher de mettre fin à la propriété en soit. À ce moment là, enfin, la seule raison de péter des vitres sera la quête de sensations fortes.
Pour aller plus loin (en anglais):
A Beginner’s Guide to Targeted Property Destruction
http://slog.thestranger.com/slog/archives/2012/05/02/why-all-the-smashy-smashy-a-beginners-guide-to-targeted-property-destruction
In Defense of Rioting
http://time.com/3605606/ferguson-in-defense-of-rioting/
In Defense of Looting
http://thenewinquiry.com/essays/in-defense-of-looting/
In Defense of the Ferguson Riots
https://www.jacobinmag.com/2014/08/in-defense-of-the-ferguson-riots/
The Illegitimacy of Violence, the Violence of Legitimacy
http://www.crimethinc.com/texts/atoz/violence.php
Mouvement étudiant
Vers où, étudiant
Nous ne voulons pas être des étudiants, nous sommes des délinquants
Vivre de combat, a critique of CL(ASSE)
La forêt précède la civilisation, le désert la suit suivi de Colonialiste le mouvement étudiant – Copie
Communiqu d’un futur absent
En suspens, nous n’irons pas à la grève comme nous allions à l’école – Copie